Sénatoriales : à gauche, la dangereuse multiplication des listes

A bord de son bus de campagne, le sénateur socialiste Patrick Kanner sillonne le Nord à la rencontre des élus locaux. D’ici le 24 septembre, date de l’élection sénatoriale, il aura visité une centaine de communes sur les 648 du département. Des milliers de kilomètres parcourus, pour convaincre les grands électeurs de lui offrir un deuxième mandat. « Les élus locaux sont les premiers de cordée de la République », argue l’ancien ministre de la ville de François Hollande. Pour ce scrutin, le Parti socialiste (PS), deuxième groupe au Sénat derrière la droite et devant les centristes, remet en jeu trente-trois postes, avec le handicap de voir se retirer onze sénateurs de poids, comme l’ancien maire d’Orléans et secrétaire d’état de Pierre Bérégovoy, Jean-Pierre Sueur (Loiret), ou l’ancien secrétaire d’Etat de François Hollande André Vallini (Isère).

Les écologistes, qui ont réussi à constituer un groupe au Sénat en 2020, dans la foulée des municipales, renouvellent quatre sénateurs sur douze. Quant aux communistes, ils remettent en jeu onze de leurs quinze sièges. Avec quatre-vingt-onze sièges, la gauche espère se renforcer en atteignant cent élus.

Pour ce faire, elle mise sur ses alliances, alors que les divisions ont rarement été aussi fortes chez Les Républicains. Avant l’été, socialistes, écologistes et communistes ont conclu un accord dans quinze départements. Une façon de contenir les multiplications de listes, mortifères dans cette élection complexe. Particularité du scrutin, une dissidence peut faire perdre des voix sans que cela ne bénéficie à quiconque, chaque siège étant tributaire d’un nombre de voix minimum.

« Il fallait faire un effort »

A Paris, la gauche est déjà assurée, sauf coup de théâtre, d’obtenir sept sièges. Mais elle espère profiter de sa liste d’union, conduite par le socialiste sortant Rémi Féraud, pour obtenir une huitième place. L’ancien candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot et le communiste Ian Brossat devraient faire leur entrée au Sénat. Avant de s’entendre, le PS s’est déchiré pendant plusieurs semaines, rejouant les divisions qui l’empoisonnent au niveau national, entre le premier secrétaire, Olivier Faure, et son numéro deux, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol.

Finalement, face à la fédération de Paris, où les proches d’Anne Hidalgo sont à la manœuvre, le chef de file du PS a renoncé à avoir un candidat en position éligible. Même chez les partisans de Faure, les tractations autour des sénatoriales ont laissé des traces. La direction du PS a privilégié, à la surprise générale, Maxime des Gayets, conseiller régional d’Ile-de-France, placé a la 9place, au détriment de la trésorière du parti, Fatima Yadani, reléguée en bout de liste. « On a l’impression qu’au Parti socialiste, le plafond de verre pour les femmes est encore très présent », se désole Fatima Yadani, vingt-cinq ans de PS au compteur.

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