Nego Fugido au Centre d’art Ygrec : une exposition incontournable de la saison Brésil-France 2025 à Aubervilliers

Dans le cadre de la saison culturelle Brésil-France 2025, l’exposition Nego Fugido, mémoires quilombolas s’installe au Centre d’art Ygrec – ENSAPC à Aubervilliers du 5 juin au 12 juillet 2025. Cette exposition immersive et multimédia, conçue par l’artiste et chercheur Nicola Lo Calzo, explore la mémoire vivante des quilombos brésiliens à travers le prisme du rituel Nego Fugido, une performance symbolique retraçant la lutte contre l’esclavage et la quête de liberté. Gratuitement accessible, ce rendez-vous artistique et historique propose une plongée sensible dans un patrimoine culturel afro-brésilien souvent méconnu, tout en interrogeant les mécanismes de transmission et de réappropriation des histoires minoritaires.

Une exposition au cœur de la mémoire quilombola

Le rituel Nego Fugido : une performance de résistance

Nego Fugido est un rituel ancestral pratiqué par la communauté quilombola d’Acupe, au Brésil, qui met en scène la fuite des esclaves et leur combat pour la survie. Cette performance mêle chants, gestes et tableaux vivants pour incarner la mémoire traumatique de la déshumanisation subie et la force de la résistance. L’exposition propose une immersion dans cette tradition vivante, à travers une constellation d’images, vidéos, archives sonores et objets rituels, offrant au visiteur une expérience sensorielle et réflexive.

Un projet de recherche artistique et documentaire

Fruit de plusieurs années de terrain (2022-2025), ce travail est aussi une thèse de doctorat menée par Nicola Lo Calzo à CY Cergy Paris Université, en collaboration avec l’ENSAPC. Le projet KAM dont il fait partie vise à interroger les mémoires atlantiques de l’esclavage et les formes contemporaines de résistance. L’exposition s’inscrit dans une démarche respectueuse et collaborative avec la communauté quilombola, évitant toute forme d’exotisme ou d’appropriation. Elle se veut un pont entre art, histoire et spiritualité, incarné notamment par la figure d’Exu, entité symbolique des cultes afro-brésiliens.

Un dialogue entre histoire, spiritualité et politique

Réappropriation et transmission des mémoires

L’exposition questionne la manière dont les récits de l’esclavage et des luttes afro-descendantes sont transmis et représentés. Elle invite à réfléchir sur les voix qui façonnent les mémoires collectives et sur la place des minorités dans les récits nationaux. En valorisant un rituel vivant, Nego Fugido dépasse la simple reconstitution historique pour incarner une mémoire active, en mouvement, qui continue d’interroger les sociétés contemporaines.

Une perspective queer et intersectionnelle

Le travail de Nicola Lo Calzo adopte un regard intersectionnel, mettant en lumière les croisements entre racisme, colonialisme et discriminations de genre et de sexualité. Cette approche enrichit la lecture du rituel et souligne la complexité des identités afro-brésiliennes, souvent réduites à des stéréotypes. L’exposition s’inscrit ainsi dans une dynamique de déconstruction des discours dominants et de lutte contre les inégalités persistantes.

Un événement culturel majeur à Aubervilliers

Une implantation locale et une visibilité étendue

Située à Aubervilliers, ville marquée par une forte diversité culturelle et diasporique, l’exposition bénéficie d’un contexte particulièrement propice à la réception de ces mémoires. En plus de l’exposition au Centre Ygrec, dix photographies seront exposées en plein air dans différents lieux publics de la ville, renforçant la visibilité et l’impact du projet.

Programmation associée et ouverture au public

Le vernissage aura lieu le 5 juin 2025, suivi d’une programmation riche, notamment la Nuit Blanche du 7 juin intitulée Écrans créoles, qui proposera des projections vidéo en lien avec les thématiques postcoloniales et identitaires. L’accès à l’exposition est libre, avec des horaires adaptés pour favoriser la fréquentation.

Réactions et portée symbolique

Des voix engagées autour de Nego Fugido

L’artiste Nicola Lo Calzo souligne l’importance du dialogue patient et du respect des communautés dans la construction de son travail. La commissaire Ioana Mello insiste sur la nécessité de revisiter l’histoire de l’esclavage avec un regard pluriel, ancré dans les réalités vécues, pour construire une mémoire collective vivante et inclusive.

Un contrepoint aux discours dominants

L’exposition s’inscrit dans un contexte où les discours sur la « démocratie raciale » au Brésil ou le multiculturalisme en France sont souvent remis en question. Elle offre une lecture critique qui met en lumière les luttes invisibilisées et invite à une prise de conscience des héritages coloniaux toujours présents.

Nego Fugido, mémoires quilombolas au Centre d’art Ygrec d’Aubervilliers est bien plus qu’une exposition : c’est un acte de mémoire, une invitation à la réflexion et un pont entre continents, cultures et histoires. En mêlant art, recherche et engagement, cette manifestation de la saison Brésil-France 2025 ouvre un espace de dialogue essentiel sur les mémoires de l’esclavage et leurs résonances actuelles. Une occasion unique de découvrir une tradition vivante et de questionner les récits dominants à travers une expérience sensible et immersive.

Informations pratiques :

  • Dates : du 5 juin au 12 juillet 2025
  • Lieu : Centre d’art Ygrec – ENSAPC, 29 rue Henri Barbusse, 93300 Aubervilliers
  • Horaires : mercredi à samedi, 14h-19h
  • Entrée libre
  • Vernissage : 5 juin 2025, 18h-21h

Cette exposition s’inscrit dans la programmation officielle de la saison Brésil-France 2025, soutenue par la Métropole du Grand Paris.

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