Nicole Croisille, figure emblématique de la chanson française et du cinéma, est décédée le 4 juin 2025 à Paris, à l’âge de 88 ans, des suites d’une longue maladie. Son parcours artistique, riche de plus de six décennies, a marqué plusieurs générations par sa voix profonde, son charisme et son engagement dans le jazz, la pop et le théâtre musical. Cette disparition laisse un grand vide dans le paysage culturel français.
Une carrière plurielle et internationale
Les débuts et la révélation internationale
Née le 9 octobre 1936 à Neuilly-sur-Seine, Nicole Croisille débute sa carrière artistique comme danseuse à l’Opéra de Paris, avant de se former au mime auprès de Marcel Marceau. Très vite, elle s’oriente vers la musique, se produisant dans les clubs parisiens puis aux États-Unis, notamment à Chicago, où elle enregistre sous le pseudonyme Tuesday Jackson.
La consécration arrive en 1966 grâce au réalisateur Claude Lelouch, qui lui confie l’interprétation de la bande originale du film Un homme et une femme. Le refrain « Da ba da ba da » devient un classique instantané, propulsant Croisille sur la scène internationale. Elle collabore ensuite avec Lelouch sur plusieurs autres films, dont Vivre pour vivre (1967), Les Uns et les Autres (1981) et Itinéraire d’un enfant gâté (1988).
Une artiste de scène passionnée
Dans les années 1970, Nicole Croisille s’impose comme une figure majeure de la chanson pop et jazz en France. Ses concerts à L’Olympia en 1976 et 1978 témoignent de son succès grandissant. Elle nourrit une passion pour le jazz et les comédies musicales américaines, ce qui la conduit à interpréter des rôles dans des productions majeures telles que Hello Dolly (1992), Follies (2013), Cabaret (2014) et Irma la Douce (2015).
Parallèlement, elle mène une carrière d’actrice au cinéma, au théâtre et à la télévision, apparaissant dans 24 films de 1961 à 2005. Sa participation à la série télévisée Dolmen a rencontré un immense succès, attirant près de 12 millions de téléspectateurs par épisode.
Une voix et une présence inoubliables
Nicole Croisille était reconnue pour sa voix grave et sensuelle, ainsi que pour son énergie scénique remarquable, entretenue par un entraînement rigoureux digne d’une danseuse. Elle a toujours exprimé son désir de continuer à se produire tant que sa santé le lui permettrait, soulignant le respect qu’elle portait à elle-même et à son public.
Son autobiographie, Je n’ai pas vu passer le temps, publiée en 2006, retrace son parcours artistique et personnel, révélant une femme passionnée, déterminée et inspirée par les grands noms du jazz et de la comédie musicale américaine.
Réactions et héritage
À l’annonce de son décès, Claude Lelouch a rendu hommage à celle qu’il considérait comme « la voix de sa vie », saluant son timbre unique et la profondeur émotionnelle qu’elle apportait à ses œuvres. Sa musique continue de toucher un large public, avec près de 170 000 écoutes mensuelles sur Spotify en 2025, preuve de son influence durable sur la chanson française.
Son agent, Jacques Metges, a souligné son courage face à la maladie et sa volonté de rester active jusqu’à la fin. La disparition de Nicole Croisille marque la fin d’une époque, mais son héritage artistique perdure à travers ses enregistrements, ses films et ses performances scéniques.