Manifestations à Madagascar : un rejet massif de la France, ancienne puissance coloniale

‘France out’ Madagascar’s protests fan anger against former colonial power

Depuis fin septembre 2025, Madagascar est plongé dans une crise politique sans précédent, marquée par d’importantes manifestations contre le président Andry Rajoelina et une forte hostilité à l’encontre de la France, ancienne puissance coloniale. Le départ précipité du président vers la France, sous protection militaire française, a suscité une vague de colère populaire amplifiée par les jeunes manifestants, issus de la « génération Z ». Ce mouvement, issu initialement de revendications sociales, s’est transformé en une explosion anti-coloniale réclamant la fin de l’influence française sur l’île.

La genèse des manifestations et leur évolution

Causes initiales et revendications

Les protestations ont débuté le 25 septembre dans la capitale Antananarivo suite à des coupures prolongées d’électricité et d’eau, touchant quotidiennement une population déjà confrontée à une extrême pauvreté. Les manifestants, largement jeunes, ont dénoncé la mauvaise gestion, la corruption, et le manque de services publics, exigeant un changement radical du pouvoir.

Escalade politique et rôle des militaires

Au fil des semaines, le mouvement a pris une dimension politique majeure, avec le ralliement d’une unité d’élite militaire, le CAPSAT, en désaccord avec les ordres gouvernementaux, prenant le contrôle de la capitale. Après des affrontements limités qui ont fait plus de 22 morts, le président Rajoelina a fui le pays le 13 octobre à bord d’un avion militaire français, atterrissant notamment à La Réunion.

Rejet de la France et dimension néocoloniale

Hostilité populaire contre l’ancienne puissance coloniale

Le départ du président sous escorte française a été perçu comme une intervention directe, ravivant le ressentiment anti-français ancré dans l’histoire postcoloniale. Lors des manifestations, nombreux slogans appelaient à la sortie de la France : « France, dehors! », « Dégage Macron et Rajoelina! ». Cette crise met en lumière des décennies de tensions liées à la probation néocoloniale.

Analyse des experts

Selon la politologue Christiane Rafidinarivo, ce rejet traduit « une vigilance anti-coloniale forte » nourrie par la jeunesse malgache et amplifiée par les réseaux sociaux. Le professeur Jean-Baptiste Noé souligne l’importance des liens historiques, mais aussi les frustrations longues du peuple face à une influence étrangère perçue comme frein aux progrès.

Conséquences politiques et sociales

Destitution et prise de pouvoir militaire

Le parlement malgache a voté la destitution du président le 14 octobre, ouvrant la voie à une transition assurée par des militaires soutenus par une grande partie de la population. Jean André Ndremanjary, nouveau président du Sénat, prendra la tête de l’exécutif à titre intérimaire en cas d’absence prolongée du chef de l’État.

Incertitude sur l’avenir du pays

La situation reste très fragile, avec une jeunesse enthousiaste mais méfiante face aux récupérations politiques. Les manifestations restent dans la rue, réclamant de profondes réformes et la fin des ingérences extérieures. Les Nations unies appellent au dialogue et au respect des droits humains.

Réactions internationales

France et communauté internationale

La France, par la voix du président Emmanuel Macron, a exprimé une « grande préoccupation » pour la stabilité du pays, exhortant au respect des institutions malgaches sans confirmer son rôle dans l’exfiltration de Rajoelina. La communauté internationale, y compris l’Union africaine, suit la situation avec attention, appelant à une résolution pacifique.

Organisations de défense des droits humains

Amnesty International et Reporters Sans Frontières dénoncent la violence excessive des forces de l’ordre contre les manifestants et journalistes, exigeant des enquêtes indépendantes sur les exactions constatées.

Les manifestations à Madagascar en 2025 représentent un moment clé dans la lutte contre les vestiges du néocolonialisme et une expression forte de la volonté d’une population, notamment de sa jeunesse, de reprendre en main son destin politique et économique. Le rejet virulent de la France symbolise une transformation profonde dans le rapport entre ancienne puissance coloniale et nation indépendante.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *