L’Iran a décidé ce samedi 27 septembre 2025 de rappeler pour consultations ses ambassadeurs en France, au Royaume-Uni et en Allemagne, en réaction au rétablissement imminent des sanctions de l’Organisation des Nations Unies (ONU) contre son programme nucléaire. Cette démarche, qualifiée par Téhéran d’« action irresponsable » de ces trois pays européens connus sous le nom d’E3, survient après l’échec des négociations visant à suspendre la remise en vigueur de ces sanctions. Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU a rejeté une proposition visant à prolonger l’accord nucléaire de 2015, l’Iran affirme refuser toute pression tout en maintenant son engagement envers le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
Les raisons du rappel des ambassadeurs
Une réaction à la réactivation du mécanisme de sanctions
L’Iran accuse la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne d’avoir déclenché un mécanisme, appelé « snapback », qui vise à réactiver des résolutions abrogées du Conseil de sécurité de l’ONU. Ce procédé entraîne le rétablissement automatique des sanctions internationales suspendues depuis plusieurs années, dans le cadre de l’accord nucléaire de 2015.
La télévision officielle iranienne a ainsi annoncé que, face à cette « action irresponsable » des trois pays, les diplomates iraniens en poste à Berlin, Paris et Londres avaient été rappelés à Téhéran pour des consultations. Cette mesure est une forme claire de protestation diplomatique et marque une montée des tensions dans une crise déjà très aiguë.
Le rejet du report des sanctions à l’ONU
Le Conseil de sécurité a rejeté le vendredi 26 septembre un projet de résolution présenté par la Russie et la Chine, visant à prolonger de six mois l’accord de contrôle du programme nucléaire iranien. Seuls quatre membres du Conseil ont soutenu cette initiative, tandis que neuf nations ont voté contre et deux se sont abstenues. Cette décision a ouvert la voie au rétablissement des sanctions ce week-end.
Barbara Woodward, ambassadrice britannique auprès de l’ONU, a indiqué que « les sanctions des Nations Unies visant à contenir la prolifération nucléaire iranienne seront rétablies d’ici ce week-end ». Jérôme Bonnafont, son homologue français, a regretté l’absence de compromis de la part de l’Iran, soulignant que ce dernier était resté sourd aux demandes répétées d’initiatives concrètes.
Les conséquences économiques et diplomatiques
Effondrement record du rial iranien
La perspective du retour des sanctions a intensifié la pression économique sur l’Iran. La devise nationale, le rial, a enregistré une chute historique, atteignant un nouveau plancher à 1 123 000 rials pour un dollar américain ce samedi, contre environ 1 085 000 la veille. Cette dévaluation traduit la nervosité des marchés face à l’impact probable des sanctions sur l’économie iranienne.
Les avertissements iraniens
Le président iranien, Masoud Pezeshkian, a relativisé la portée de cette crise, affirmant : « Ce n’est pas comme si le ciel allait tomber. Si nous sommes faibles, ils nous écraseront. Mais si nous sommes unis, il n’y a pas de crainte face à cette crise. » Il a également réitéré que son pays ne quittera pas le Traité de non-prolifération nucléaire, malgré le regain de sanctions.
Par ailleurs, l’Iran a prévenu que les puissances occidentales allaient subir des « conséquences graves » en réaction à la réactivation des sanctions. Le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, a qualifié ce retour des sanctions de « juridiquement nul et non avenu » et « politiquement dangereux », qualifiant la procédure de « défectueuse ».
Une escalade diplomatique aux possibles répercussions régionales
Opposition internationale et tensions au Moyen-Orient
La Russie et la Chine ont dénoncé la décision de relancer les sanctions comme une tromperie et une « farce absurde ». Elles ont averti que cette mesure pourrait intensifier les tensions au Moyen-Orient, une région déjà fragile.
Malgré ces avertissements, les grandes puissances européennes insistent sur la nécessité de maintenir la pression pour empêcher l’Iran de développer un armement nucléaire, rejetant les accusations de Téhéran sur le caractère illégal des sanctions.
La reprise des inspections nucléaires
Parallèlement, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé la reprise des inspections des sites nucléaires iraniens cette semaine, une mesure visant à contrôler le respect des accords existants, même dans un climat de tensions renouvelées.
Perspectives et implications futures
Une diplomatie sous haute tension
Ce rappel massif des ambassadeurs marque une nouvelle étape dans le bras de fer diplomatique entre l’Iran et les puissances occidentales. Le maintien du TNP par Téhéran semble indiquer une volonté de ne pas franchir certaines lignes rouges, mais les risques d’escalade régionale restent élevés.
Des sanctions aux effets multiples
La restauration des sanctions devrait accentuer les difficultés économiques iraniennes, déjà mises à rude épreuve, et pourrait contraindre Téhéran à adapter sa posture nucléaire et diplomatique dans les mois à venir. La dynamique internationale reste toutefois incertaine, dépendante des prochaines réactions politiques des acteurs clés.
Le rappel des ambassadeurs iraniens en France, au Royaume-Uni et en Allemagne avant le rétablissement des sanctions de l’ONU symbolise un tournant dans la crise du programme nucléaire iranien. Face à une procédure jugée illégitime par Téhéran et au rejet d’une résolution visant à prolonger l’accord de 2015, les tensions se durcissent, accompagnées d’une forte instabilité économique. La reprise des inspections nucléaires et le maintien par l’Iran de son engagement au Traité de non-prolifération marquent toutefois une forme de retenue. La communauté internationale reste attentive à l’évolution de cette situation sensible, dont les conséquences pourraient s’étendre bien au-delà de la région.